Ils sont là, les deux kinder delice engloutis et la culpabilisation.
Ce soir j'ai envie de parler de tout autre chose, pas de maternité, pas de grossesse, non quelque chose avec lequel je vis, contre laquelle je me suis battue. J'ai gagné une belle bataille ,mais pas la guerre.
135 kilos, 1m60.
C'etait moi. Obésité morbide. C’était moi
J'avais 20 ans, et il fallait faire bouger les choses. Seule je n'y arrivais pas. Les régimes n'y pouvaient rien non plus.
J'étais la, avec mon poids. La bonne copine à qui l'on dit : "non mais toi c'est pas grave, tu as un beau visage". Mais si, c'est grave de peser 135 kilos, de marcher 10 mètres et de transpirer comme un bœuf, de ne pas pouvoir courir après mon train en sortant de la fac et de rentrer seule puisque les copines, elles ont réussi à l'avoir ce fichu train. Et puis c'est grave de ne pas se trouver belle.
Malgré tout j'avais déjà l'homme dans ma vie, puisque lui me trouvait belle avec mes 135 kilos.
Un jour je me suis décidée. Il était temps que je mène mon combat contre ce corps qui me faisait souffrir. J'ai alors démarré un processus pour bénéficier d'un bypass. Les démarches ont été longues, c'est un projet qui se réfléchi. Je compare souvent ça à une grossesse d'autant que dans mon cas, il c'est passé 9 mois entre mon premier rendez vous et mon opération.
12 juillet 2010.
Me voila Bypassée. Après de nombreuses heures sur la table d'opération, à mon réveil, je n’étais plus la même.
Ma vie allait pouvoir commencer.
Tout c'est très vite enchaîné. En 6 mois, j'ai perdu 60 kilos. Sans me priver, sans tabou alimentaire. Une vrai réussite. J’étais fière de ce nouveau corps, imparfait mais qui me plaisait. Je me trouvais pulpeuse et jolie, j'osais même les deux pièces.
Et puis je suis tomber enceinte, sans aucune difficulté. Les trois premiers mois, j'ai perdu 6 kilos. C’était top, je me disais que mon bypass veillait au grain.
Et les nausées ont disparu, j'ai pu manger de nouveau et la j'ai pris du poids. Rien d'exceptionnel pour une grossesse. Je ne m'inquiétait pas, mon corps ne me plaisait pas mais finalement c’était surement l’état de grossesse qui ne me plaisait pas.
Lou-Ann est née. Les kilos sont restés, et certains se sont même rajoutés. A vrai dire je ne sais pas vraiment, voila 1 an et demi que je ne me suis pas pesée.
Et l'engrenage est de retour. Cette bataille constante avec mon cerveau, ce plaisir fou que j'ai à manger autant que je peux détester cette alimentation qui me fait grossir.
Je me rends à l’évidence, les chirurgiens ont soigné mon corps. Mais personne n'a soigné ma tête. Je me suis promis de redevenir la jolie femme qui rentrais dans un petit 44 pour devenir une jolie maman. Au fond, j'ai envie que ma fille soit fière de moi, et que quand je la déposerai le matin au centre de loisirs, je fasse partie de la catégorie des jolies mamans.
J'écris mais c'est un fait, si je ne me fais pas aider, alors je ne deviendrais jamais cette femme épanouie. Ne me parlez pas de volonté. C'est plus profond qu'une simple question de volonté.
C'est un mal qui me ronge et ce soir j'avais juste besoin d'en parler.