dimanche 12 juin 2016

Lettre à ma fille.

À toi mon bébé.
Dimanche 12 juin. Fusillade dans une boîte de nuit à Orlando.
Au fond j'ai espéré , j'ai essayé de ne pas entendre, de ne pas lire ce mot qui m'effraye chaque jour un peu plus : attentat.
Non ma fille, je ne t'ai pas mise au monde pour que tu vives dans la peur. Alors on va essayer de ne pas y céder. Oui mais voilà, j'ai été Charlie , j'ai été Paris, et Bruxelles aussi. Et ce soir, c'est inévitable, j'ai voulu l'ignorer mais les faits sont là, ce soir nous sommes Orlando. Nous sommes l'homosexualité.
Non ma fille, je refuse que ces barbares régissent nos vies et nos idéaux, nos principes et nos valeurs. Ils ne décideront pas qui nous sommes. A la maison, tu entendras toujours parler d'amour, de tolérance, de paix et de non violence. A la maison nous sommes noirs, homosexuels, divorcés, nous sommes toutes les religions, nous sommes nous. A la maison, nous t'apprendrons à aimer les gens tels qu'ils sont.
D'ailleurs tu aimes déjà les gens tels qu'ils sont. Tu aimes Tontie malgré son homosexualité, tu aimes tonton chevelu malgré sa démarche un peu maladroite, tu aimes tes mamies malgré leurs fragilités. Tu aimeras tes amis sans te poser la question de la couleur, de la religion, de l'attirance sexuelle.
Tu aimeras point.

Ma fille n'oublie jamais que ce monde cruel réserve bien des surprises, de très belles surprises. Il faut continuer d'y croire. Ce soir j'y crois grâce à toi, tu fais partie de ces magnifiques surprises qui font penser que ce monde mérite que l'on se batte. Ce soir j'ai profité de tes câlins et de tes petits bisous déposés sur moi.

Ce soir le cœur est lourd mais je te promets mon amour que je me battrais pour ce bonheur si fragile.